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«Les Griffes de la forêt» de Gabriela Cabazon Camara : la nonne à métamorphoses

La romancière argentine raconte les aventures de l’Espagnole Catalina de Erauso partie, déguisée en homme, explorer le Nouveau Monde.

Catalina de Erauso, au musée de l’Armée, à Tolède. (Oronoz. Album. AKG)
Publié le 12/09/2025 à 14h44

Thomas de Quincey l’a appelée «la Nonne militaire d’Espagne» mais elle est plus connue des Espagnols depuis le XVIIe siècle comme «la nonne-soldat». Elle est née basque et Catalina de Erauso avant de quitter l’Europe déguisée en homme pour devenir Antonio de Erauso dans le Nouveau Monde — et le héros d’aventures en grande partie épouvantables. Gabriela Cabezón Cámara, Argentine née en 1968, les raconte à son tour avec souvent un humour non moins épouvantable, au point qu’on peut prier «pour qu’il n’y eût rien après la mort». «Il ne se rappelle plus pourquoi il s’occupe d’elles.» C’est pourtant le cœur du roman où Antonio écrit une longue lettre à sa tante restée en Espagne pour raconter sa vie tandis qu’une narration à la troisième personne interrompt régulièrement la missive. Elles, ce sont les deux petites Indiennes qu’il a délivrées en même temps qu’il désertait et avec qui il se retrouve dans la forêt, en compagnie également de deux singes, une jument et un poulain. C’est une forêt où «les animaux fleurissent et les plantes mordent» et dans laquelle les Espagnols font au titre de la civilisation des carnages où la gastronomie est à l’honneur : «on profitait des grands bûchers pour faire de larges grillades». Et : «Du point de vue des vautours, la caserne est un banquet.» Les Griffes de la forêt (titre original : las Niñas del naranjel) est le quatrième livre traduit de Gabriela Cabezón Cámara (